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La Manœuvre, une librairie parisienne qui garde la pêche

© Librairie La Manoeuvre

“Bien que nous ayons cherché l’anonymat d’une grande ville, la familiarité du quartier nous apaisait” (Après la fête, Lola Nicolle). C’est à peu près ça trouver sa librairie à Paris. On ne cherche pas spécialement mais une fois qu’on en a trouvé une dans laquelle on se sent bien, où l’on nous recommande des livres qui nous plaisent vraiment, elle peut vite devenir un lieu de notre quotidien. 

La librairie La Manœuvre, dans le quartier de la Roquette (Paris 11), c’est exactement ça. Depuis 2005, cette librairie créée par Jérôme Cuvelier, répond aux exigences artistiques d’une clientèle propre à Bastille, avec une identité alternative forte sur la photographie, la musique, le cinéma, ainsi qu’un fond littéraire solide. Elle s’engage à faire vivre son quartier, en proposant habituellement des rencontres avec des auteurs et des musiciens, notamment Ce que disent les femmes, un cycle de lectures à voix haute par deux comédiennes, qui met en lumière des récits contemporains écrits par des femmes. 

© La Manœuvre

Ce mardi 12 mai, la librairie a pu rouvrir au public. Une reprise de l’activité que les libraires de La Manœuvre attendaient avec impatience ! Des mesures de sécurité ont évidement été mises en place : gel hydroalcoolique à disposition des clients, masques pour les libraires et même un service de commande par mail. Pendant le confinement, La Manœuvre s’était déjà adaptée, grâce à Librest, un réseau de treize librairies du Grand Paris qui proposait un service de click & collect. Cette solution temporaire leur a permis de reprendre peu à peu leur activité et de répondre à une demande de livres assez importante.

“Je pense que le rapport au livre est propre à chacun, comme le confinement est propre à chacun.”

Le confinement a fait émerger différents types de lecteurs : ceux qui ont voulu relire tous les classiques ou plutôt rattraper ceux qu’ils n’avaient pas eu le temps de lire, ceux qui ont voulu se mettre à la page sur les dernières nouveautés, mais aussi ceux qui ont préféré d’autres moyens d’occupation. Qui que vous ayez été, La Manœuvre est aujourd’hui de nouveau ouverte et accueille des flâneurs, plus pressés que d’habitude, mais contents de pouvoir reprendre leurs vieilles habitudes dans un quartier qui se réveille peu à peu.

© La Manœuvre

Le retour à la normale n’étant pas encore pour tout de suite, la librairie La Manœuvre vous a concocté une sélection pour prolonger la rêverie littéraire encore un petit moment. S’évader, réfléchir, comprendre, tracer l’horizon – voilà ce qu’ont en commun ces livres, qui n’attendent que vous pour dévoiler leurs histoires.

Littérature

Autour du monde, de Laurent Mauvignier – 2014 (Ed. de Minuit) 

On croit qu’on va faire un voyage mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait ou vous défait”– Nicolas Bouvier

Avec la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 comme fil conducteur, Laurent Mauvignier reconstitue quatorze fragments de vies instantanés, de Tokyo à Paris, où transparaissent la solitude de l’homme dans la course folle du monde, dans un style aussi sensible que photographique. 

L’Astragale, d’Albertine Sarrazin – 1965 (Ed. Points Seuil) 

En sautant du mur d’une prison, la narratrice, véritable double de l’autrice, se brise un os de la cheville au doux nom d’astragale. Elle sera alors recueillie par un voyou, qui va l’aider à se cacher. Albertine Sarrazin nous livre un roman sur l’émancipation féminine qui nous entraîne dans l’ivresse de la liberté et de l’amour, et dans le tumulte de la fuite et de la cavale.

© Ed. Points Seuil

Il est des hommes qui se perdront toujours, de Rebecca Lighieri – 2020 (Ed. P.O.L)

Années 80, dans une cité populaire de Marseille, Karel, Hendricka et Mohand forment une fratrie hors du commun, entre un père tyrannique et violent et une mère soumise et désabusée. Chacun tentera, à sa manière, de se sauver de cette fatalité originelle mais… peut-on vraiment échapper à soi-même ? Un roman sans concession, animé par une énergie brute et terriblement gracieuse, sur fond de fuite sociale.

Essais

Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique, de Mona Chollet – 2015 (Ed. La Découverte) 

Chez soi nous invite à repenser la maison comme “lieu de cristallisation de choses personnelles, collectives et politiques”, explore la façon dont “ce monde que l’on croyait fuir revient par la fenêtre” et interroge l’hyperactivité de nos sociétés. La philosophe féministe Mona Chollet signe ici un éloge clair et intelligent à ce que Virginia Woolf appelait la Chambre à soi, une source de construction de soi et de compréhension du monde.

© Ed. La Découverte

Nos cabanes, de Marielle Macé – 2019 (Ed. Verdier) 

Un essai philosophique et politique absolument nécessaire et stimulant qui nous invite à  repenser ce monde pour reconstruire celui d’après. Marielle Macé nous pousse à reconsidérer notre façon d’habiter le monde en explorant les multiples facettes d’un mot en apparence anodin : cabane. On y découvre tout un univers, fait d’abris et de rêves évanouis, d’exclusion mais aussi de révolte, de joie et de solidarité. 

Livre d’art

Lost and Found, de Bruce Gilden – 2019 (Ed. Xavier Barral) 

Lost and Found offre une somptueuse évasion dans les rues du New York des années 70, capturé par l’oeil averti du grand photographe de Magnum Photos, Bruce Gilden. Plongez dans cette foule d’inconnus, de marginaux et d’invisibles, dont l’énergie transparaît dans des photos dévorantes de vie et qui nous rappellent un temps sans distanciation sociale. 

© Ed. Xavier Barral

Bande dessinée 

Ici, de Richard McGuire – 2014 (Ed. Gallimard BD)

Il est finalement temps de redécouvrir Ici, cet ovni graphique de l’américain Richard McGuire, qui offre une formidable réflexion architecturale sur la densité de la vie et du temps qui passe. Suivez le voyage temporel immobile des habitants d’une maison du New Jersey, celle de l’auteur, de 1907 à 2011, de sa construction à sa destruction. 

© Ed. Gallimard BD

“Lire un livre permet de faire une pause dans le monde,  c’est un bienfait psychologique.”

Librairie la Manœuvre
58 Rue de la Roquette, Paris 11
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Propos recueillis par Coralie Halgand auprès de Roseline Tran.

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